Quelle est la place du metaverse dans la formation ?

Publié le 20/03/2024

Le metaverse est, en quelques mots, une imitation de la vraie vie. Cet instrument numérique est le fruit d’une technologie avancée mêlant une foule d’avatars personnalisés qui interagissent entre eux sous le contrôle de leur utilisateur. L’outil a fait son apparition dans les jeux vidéo par la création d’un monde virtuel fictif rudimentaire, mais ludique. Au fil des ans, il s’est amélioré au point d’intriguer les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) qui se laissent tenter par son usage. L’outil s’est ensuite introduit dans les domaines de l’éducation et de la formation professionnelle. C’est alors qu’il a déployé son potentiel et a œuvré au service de la pédagogie.

Le mot Metaverse a fait son apparition en 1992 dans le roman « Le Samouraï virtuel » de Neal Stephenson, puis en 2011 dans « Ready Player One ». Ces apparitions livresques ont expliqué la notion d’univers fictif et de lieu imaginaire. Microsoft, Meta et Epic Games s’emparent ensuite du phénomène. Ils amalgament le jeu vidéo et les technologies de réalité virtuelle augmentée. Apparaissent alors une première version de l’outil et sa première définition : « la combinaison du réel et de l’irréel ».

L’univers virtuel comporte plusieurs espaces habités d’avatars contrôlés par des équipements connectés : un casque VR, un ordinateur, un lien URL ou des lunettes 3D. L’environnement numérique qui en découle se veut ludique et familier et se rapproche le plus possible du monde réel des utilisateurs.

Les prototypes de metaverse comme Second Life datent des années 2000. C’est à cette époque qu’émerge l’idée de dispenser une formation dans un monde fictif.

Le metaverse a cependant sombré dans l’oubli quelques années après. Puis, il a été remis au goût du jour grâce au fondateur de Facebook qui a annoncé la transformation de sa plateforme en Meta en 2021. Cette déclaration coïncide avec la recrudescence de l’e-learning. Aujourd’hui, le metaverse connaît une forte expansion. Il se démocratise et obtient une définition officielle : « un service en ligne donnant accès à des simulations d’espaces 3D dans lesquelles on peut vivre des expériences immersives. »

Le metaverse fusionne deux notions : la réalité virtuelle (l’immersion et l’évolution dans un univers en 3D) et les réseaux (l’interaction à distance). Les utilisateurs, à travers leurs avatars, mettent les pieds dans un monde parallèle et font la rencontre des avatars d’autres utilisateurs. Le degré d’immersion de chacun dépend du matériel utilisé (casque VR ou PC).

Le fonctionnement du metaverse évolue au rythme des progrès technologiques. Après avoir assimilé la réalité virtuelle, la réalité augmentée et la simulation, l’outil s’affranchit désormais des limites de l’écran et souhaite proposer une expérience plus immersive que jamais.

Son réalisme s’appuie sur la capacité du Web 3.0. Il s’agit de la troisième génération de l’Internet. Sachant que le Web 1.0 repose sur l’hypertexte et le web 2.0 sur l’interaction, le Web 3.0 fonctionne sur la base de l’échange actif numérique.

La finalité du metaverse est la création de passerelles entre le monde virtuel et le monde réel.

Cet objectif couvre une pluralité de fonctionnalités :

la création d’un avatar afin de représenter un personnage virtuel ;
l’exploration d’un monde numérique ;
la communication avec d’autres utilisateurs à travers leurs avatars ;
l’achat et la vente d’actifs;
l’achat, la construction ou la location de structure ;
le partage des créations virtuelles
l’investissement dans l’immobilier ;
la publicité ;
le commerce ;
la création de business ;
la formation…

Dans la pédagogie, le metaverse a gagné la place d’outil d’apprentissage, de simulation et d’entrainement par excellence.

Les employeurs se servent de l’outil pour simuler des situations professionnelles et mettre en pratique des apprentissages théoriques, sans obliger les collaborateurs à se déplacer et à interrompre les heures de travail.

Les entreprises profitent également de sa technologie adaptative afin de former les collaborateurs à distance. Ces derniers assistent à des cours en ligne dans un environnement immersif. La solution facilite l’accès aux supports pédagogiques des participants éloignés. Elle offre d’autant plus une grande flexibilité des horaires.

Dans le cadre d’une formation professionnelle, les expérimentations des entreprises ont dégagé une vérité universelle : le metaverse réduit de 40% les coûts. L’approche garantit l’interaction des employés et facilite la rétention d’information, par rapport à une formation classique.

Le metaverse favorise l’onboarding et l’inclusion des apprenants. En temps normal, la phase d’acculturation s’éternise. Cependant, l’instrument réduit ce laps de temps. L’environnement convivial qu’il crée met les participants à l’aise. L’atmosphère développe un sentiment de sécurité qui facilite l’interaction. Les protagonistes n’ont aucun mal à échanger, à apprendre, à collaborer et à s’entrainer au dialogue.

Dans un espace propice à un ancrage sensoriel, le formateur du futur se charge d’organiser l’apprentissage, tandis que le metaverse s’occupe de socialiser les apprenants. Le prestataire peut alors s’acquitter pleinement de ses fonctions de facilitateur et d’animateur. Le formateur peut aussi se concentrer sur la conception pédagogique virtuelle. Il peut considérer les différentes possibilités du metaverse (déplacement, dialogue en 3D, utilisation des espaces porteurs de sens…) tout en équilibrant le contenu de la formation afin éviter la surcharge cognitive des apprenants.

Le metaverse offre des opportunités de recherche et d’apprentissage aux étudiants qui souhaitent, même faute d’équipements, mettre en pratique leurs connaissances théoriques. L’outil leur donne les moyens logistiques d’expérimenter. Il aménage à lui seul un laboratoire virtuel équipé du matériel nécessaire. Les apprenants ont à leur disposition les répliques exactes de toutes les installations requises (y compris des cobayes virtuels) pour les travaux pratiques.

A ce titre, une startup rennaise a réussi l’exploit de mettre sur pied un hôpital en réalité virtuelle augmentée pour l’apprentissage des étudiants en médecine et du personnel soignant.

Le metaverse offre une modalité pédagogique exceptionnelle. Il favorise l’expérientiel et rehausse la qualité et l’efficacité des formations professionnelles. L’outil aménage un environnement stimulant. La réalité virtuelle et la réalité augmentée facilitent les rencontres entre les personnes physiquement éloignées. Ce rapprochement invite à l’élaboration de travaux collaboratifs : ateliers de design thinking, ateliers de brainstorming, méthode d’intelligence collective...

Les actions de formation utilisant la technologie virtuelle peuvent prendre la forme d’un jeu de rôle. Elles permettent au protagoniste de se glisser dans la peau d’un vendeur, d’un client, d’un manager ou d’un collaborateur… Cette possibilité améliore les techniques de ventes, les techniques d’argumentation, l’ancrage mémoriel et la gamification dans l’organisation d’un escape game virtuel…

Son avantage principal réside dans son lieu infini de sociabilisation. Les participants sont en mesure de se déplacer et d’interagir avec autant d’utilisateurs qu’ils veulent. Cette possibilité infinie d’interaction développe une forte relation virtuelle.

A l’image des outils de télécommunication, le metaverse effondre les frontières. Cet atout s’avère efficace pour la formation à distance des apprenants qui souhaitent assister à la même formation au même moment.

Les utilisateurs du metaverse sont toutefois confrontés à certains désagréments, ce qui n’est pas sans risques pour l’apprentissage. Son usage et son fonctionnement requièrent plusieurs équipements encore inaccessibles à la majorité des apprenants : casques de réalité virtuelle, gants haptiques, lentilles de réalité augmentée…

De plus, certain matériel, comme le casque, provoque une forme d’inconfort. Il est incompatible à une utilisation prolongée et complique alors les formations de plusieurs heures. Pourtant, le niveau d’immersion dépend de l’usage et de la qualité du matériel.

Pour finir, la « déréalisation » tend à dérouter les utilisateurs peu habitués à travailler avec des équipements de haute technologie. La prise en main peut être difficile, voire impossible en raison de la singularité de la méthode de travail.